La Compagnie Noire
Glen Cook – La Compagnie Noire.
Première trilogie de la Compagnie Noire
- La Compagnie noire
- Le Château noir
- La Rose Blanche
Deuxième cycle de la Compagnie noire
- Jeux d’ombres
- Rêves d’acier
- La Pointe d’argent
Cycle de la pierre scintillante
- Saisons funestes
- Elle est les ténèbres (2 vol)
- L’eau dort (2 vol)
- Soldats de pierre (2 vol)
Une série atypique au moment de sa parution en France. Généralement, les séries d’Héroic-Fantasy vont vous proposer un parcours très balisé : une quête, des compagnons qui vont se retrouver et se soutenir dans le but de parvenir au bout du chemin et de réaliser cette quête, une initiation – les faibles seront forts, les forts encore plus sages, les magiciens habiles, des aventures, des monstres, des trahisons, des dieux… Et d’autres variations autour du même thème. La geste du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde, le Seigneur des Anneaux, pour n’en citer que deux, sont des archétypes de ces histoires (même s’il est un poil audacieux de ranger Arthur et ses chevaliers dans l’Héroic-Fantasy, mais quand même…).
La série de Glen Cook est d’un tout autre style (souvent copié depuis). Une historie noire, et pas de happy end, des bons et des méchants qui ne sont ni tout à fait bons ni tout à fait méchants, des héros qui meurent et qui vieillissent, pas toujours bien, de la sorcellerie blanche et noire, mais là aussi, le bon et le mal se confondent souvent !
Quand on découvre les protagonistes dans le premier volet, on ne sais d’ou ils viennent, ni pourquoi et pour qui ils agissent. On découvre une compagnie de mercenaires – La Compagnie Noire. Leur seule cause est celle de leur employeur et surtout pas d’état d’âme sur la justice, la justesse d’une cause… Seul l’argent compte… Ce qui n’empêche pas une certaine éthique. cette éthique, c’est la survie de la Compagnie, à n’importe quel prix, et n’importe quelle trahison.
Ce qui va surprendre aussi, en lisant le premier volume, c’est le style… Il peut sembler frustre, peu élaboré, pas littéraire pour un sous. En fait, il faut comprendre que l’histoire est racontée par des membres de la compagnie. Le premier que l’on découvre, c’est Toubib. Et on sait juste qu’il est le médecin de la compagnie (mais est-il vraiment médecin ?) et donc celui qui écrit les annales de la compagnie. Mais au fur et à mesure des volumes, les annalistes vont changer et le style d’écriture aussi.
J’ai pris un plaisir énorme à lire cette histoire sombre, parfois brutale, violente même, ou les héros sont des mercenaires qui « vendent » leur « savoir » à celui qui paye le mieux ! Et ce savoir, c’est « l’art de la guerre » (les « » sont nécessaires). Et la guerre il la font bien ! Sans doutes, sans scrupules … Des pros ! Quand l’histoire commence, leur employeur n’est pas celui du camp du « Bien », mais celui du « Mal » ! Bref un (une en fait) personnage dont la seule volonté est la domination ! L’adversaire lutte pour « libérer » le monde de cette domination !
Et pourtant, rien n’est aussi simple, ni aussi clair ! Les « bons » utilisent les mêmes armes que les « mauvais » ! Que penser alors de leurs buts ? Et le but du mal n’est semble-t-il pas si limpide que ça ! Et tout compte fait ces mercenaires doutent ! Non pas d’eux même, mais de leur employeur, des actions qu’ils doivent accomplir ! Bref, pas de certitude non plus chez eux ! C’est franchement prenant, bien raconté et les personnages sont malgré tout attachants ! La magie joue un rôle essentiel ! Et une magie effrayante, macabre et grotesque ! Et le dernier volume de la première trilogie surprend encore plus ! La compagnie noire a changé de camp ! (elle a bien diminuée, la guerre est impitoyable) et bascule du côté du « bien » ! Sauf que la non plus rien n’est évident ! La fin est géniale, et encore plus étonnante !
La série continue ensuite ! On peut tout à fait décider de s’en tenir là ! Mais, je vous le dis, on a de toute façon envie de savoir ce qui va advenir aux survivants de la Compagnie Noire – des survivants : 7 hommes (sur plus de mille) !
Au fur et à mesure, la série devient plus sombre. À ce titre, le volet Rêve d’Acier est sans doute le plus féroce. La noirceur est sans doute la plus absolue qui soit dans ce récit.
Le découpage en trois « saisons » peut permettre de lire celle-ci de manière indépendante, mais à mon humble avis, il est indispensable de lire l’ensemble des cycles, et dans l’ordre. Seul La Pointe d’Argent semble avoir une vie propre, mais en fait l’histoire qui commence ainsi » Mon nom est Philodendron Casier. Si je me suis engagé, c’est pour fuir ma famille, des ramasseurs de patate fichus de coller un prénom pareil à un mouflet… » se rattache par certains personnages à l’ensemble du cycle, et finira par rejoindre l’ensemble.
Avec les deux derniers volumes Soldats de Pierre La série semble cette fois se terminer ! Mais la vie est cruelle pour la Compagnie Noire. Dans ces deux derniers volumes, la mort fauche bien des piliers de la Compagnie, Roupille qui en était devenue le Capitaine, Murgen, Gobelin et d’autres encore ! Nous avions pris l’habitude de vivre avec eux ! Le plus fou, c’est que ces morts sont évoquées au détour d’une ligne, comme ça. Une embuscade, une escarmouche et on apprend que tel pilier de la série est mort. Cruel, sans pitié, balayés en une ligne. Ni pathos, ni compassion.
La vie est aussi rude pour les survivants, Toubib qui est présent depuis le début et qui a repris l’écriture des annales de la Compagnie Noire accuse le poids des ans, Madame est toujours là, mais celle qui fut l’employeur puis l’adversaire sans pitié de la Compagnie
Noire et qui est devenue la compagne de Toubib, subit également les outrages du temps !
Sa magie enfuie ne peux plus la protéger du temps qui passe !
Les personnages sont toujours aussi forts, aussi attachants et aussi cyniques ! Et la fin est franchement à la hauteur de ce cycle génial !
Pour tout vous dire, même si la fin de cette histoire semble définitive, personnellement, je n’ai qu’une envie, celle de retrouver encore Toubib et Madame pour d’autres histoires et d’autres défis !
Mais bon, Glen Cook, pour le moment, est en train de passer à autre chose, à d’autres romans, avant peut-être de revenir à la Compagnie Noire.
Pour conclure, on peut ne pas apprécier le style de Glen Cook, une certaine rusticité (peut-être due à la traduction), mais cette histoire ne peut laisser indifférente les amateurs du genre. Bonne découverte et bonne lecture si vous ne connaissez pas.
Petite précision, les couvertures de l’Edition chez L’Atalante sont superbes, bien plus que la réédition chez J’ai Lu. Mais ce n’est que mon humble avis.
Je n’ai pas lu jusqu’au bout ton article car je n’en suis qu’au premier tome de la Compagnie Noire (le gros volume de l’Atalante), mais je partage ton enthousiasme, ça change vraiment des jeunes chevaliers héroïques ! ^^
Alors surtout ne va pas jusqu’au bout de mon article (dommage 🙂 ), car il y a des spoilers en effet ! Mais c’est une superbe série.
J’en ai vu un justement, je me suis arrêté là 😉
Bonne lecture alors ! Tu n’es pas au bout de tes surprises.