Bob Dylan, Rough and Rowdy Ways, le nouvel album !
Chef-d’œuvre ?
J’ai acheté l’album, en CD, le jour de la sortie, le 19 juin 2020. Je sais déjà que je ne vais pas acheter la version vinyle (enfin pas pour le moment, sauf si mon coté collectionneur vient à me rattraper). Pourquoi ? Unanimement salué comme un chef-d’œuvre, cet album est en effet une sorte de rappel : Bob Dylan est toujours vivant, il compose et c’est bon voir très bon. Mais chef-d’œuvre ? Je vais nuancer.
8 ans que Bob Dylan n’avait pas sorti d’album de compositions originales. Bien sur il y a eu les 3 albums de reprises de standards de la musique américaine, standards popularisés par Sinatra. Mais le défaut des 3 albums de reprises, c’est (mon avis qui n’engage que moi) une uniformité particulièrement… chiante. J’avoue, pour avoir écouté le premier des trois en entier, et des bouts des deux autres, je me suis profondément ennuyé. Bien sur ces standards ont sans doute permis à Dylan de poser sa voix, et chanter mieux que jamais. Et sur Rough and Rowdy Ways, cela s’entend ! Dylan chante vraiment bien sur ce dernier album, fini la voix chevrotante qui peut rebuter. Et puis, effet prix Nobel, les textes des chansons de cet album sont particulièrement brillants. Mais on n’en n’attends pas moins de Dylan.
Un album essentiel, oui, mais…
La presse unanime a parlé de chef-d’œuvre. Et on n’en n’est pas loin. Ce qui me retient c’est la présence de quelques titres qui sont encore dans ce style jazz mollasson à la Sinatra. Un jazz mainstream, plus proche de la variété et de Las Vegas que du Jazz à la Miles Davis. Rien de bien inventif en fait, rien de bien original. Je ne vais pas détailler titres par titres, mais dire que déjà le titre Murder Most Foul, pas loin de 17 minutes, ce titre est le chef-d’œuvre de cet album ! Et le texte de Dylan, plein de chemins à suivre, toute l’histoire de l’Amérique, et pas forcément la plus glorieuse – l’assassinat de Kennedy, l’esclavage, la ségrégation raciale, tout est magnifiquement dit, et chanté (enfin parlé) ! 17 minutes pour l’éternité. Mais ce titre est comme une anomalie sur l’album, presque à part ! D’ailleurs sur la version CD, il occupe un seul CD (sur les deux de l’album), comme si c’était un autre album.
Pour la première partie de l’album, j’avoue ressentir sur la durée, une certaine monotonie. La production n’y est pas étrangère, un manque d’aspérités. Heureusement, les 3 blues de l’album viennent me requinquer (Goodbye Jimmy Reed par exemple).
Je ne vais pas en dire vraiment plus, j’aime cet album, mais même s’il est mille fois plus intéressant que les albums de reprises, il reste assez loin à mes yeux de Time Out Of Mind (paru en 1997). J’avoue même préférer Modern Times par exemple. Je verrais dans quelques temps ce que je vais finalement retenir de cet album. Mais à 79 ans, Bob Dylan démontre qu’il sait encore écrire et composer.
Si vous souhaitez aller plus loin dans la lecture d’avis différents, mais passionnants, la lecture du sujet sur le Forum Shelter From The Storm est vivement recommandée.
Un chef-d’oeuvre mitigé, donc 😉 ?
J’ai bien aimé le très long titre « Murder Must Foul », et le reste s’écoute gentiment… Evidemment, pas l’événement de l’année, mais un très bon disque quand même, d’autant que la production actuelle est assez pauvre, vu le contexte…
Mitigé, partagé, les bons mots ! Bon, et puis Dylan quoi ! C’est quand même un événement musical et artistique, vu l’aura du personnage !