Le Hobbit et La Désolation de Smaug !
C’est la sortie du deuxième volet du film The Hobbit qui m’a décidé à mettre en ligne cette longue chronique. Et coup de théâtre, je ne m’attendais pas du tout à ma réaction après avoir vu La Désolation de Smaug…
Bon, je vais être clair de suite : Peter Jackson n’a pas adapté le livre de Tolkien, The Hobbit. Et je vous explique pourquoi !
J’ai vu le premier volet lors de sa sortie il y a un an déjà. Et c’est donc l’arrivée sur les écrans de La Désolation de Smaug qui m’a fait me retourner sur le premier volet. Et une évidence s’est imposée à moi, je n’y avais même pas repensé pendant un an. J’ai lu Tolkien : la trilogie du Seigneur des Anneaux, (Bilbo) Le Hobbit, Le Silmarillion, les Enfant de Hurin également. Et même si je ne suis pas un exégète des écrits de Tolkien, j’ai une assez bonne connaissance de ses romans. Pour tout vous dire, j’ai du lire une bonne trentaine de fois la trilogie du Seigneur des Anneaux. Oh bien sur pas toujours d’une traite, j’ai même sauté des passages, même commencé tel ou tel volume à tel ou tel endroit. Mais bon. Je connais assez bien. Et c’est encore plus facile avec le petit livre qu’est (Bilbo) Le Hobbit ! Et donc, cette Désolation de Smaug qui arrive, me fait me repenser au premier film.
Peter Jackson n’a pas adapté (Bilbo) le Hobbit.
Je m’explique. Le livre de Tolkien est un conte pour enfants. Il le lisait (Tolkien) à son fils chaque soir, inventant presque l’histoire au fur et à mesure. Ce qui en fait un récit totalement linéaire, vif, rapide, effrayant juste ce qu’il faut pour des enfants, mais aussi avec des moments drôles, émouvants, tristes. Un conte. Les cotés noirs sont justes là pour mettre en valeur la débrouillardise de Bilbo qui de petit homme timide et un poil trouillard va se transformer en petit homme courageux et astucieux. Et le film alors ? Peter Jackson doit forcément tenir compte des ses films et des fans de sa trilogie, qui ne sont sans doute pas tous des lecteurs du roman. Et qu’il faut donc absolument raccrocher son Hobbit à son Seigneur des Anneaux. Et c’est en qui en fait un film bancal. Bancal parce que Jackson ne tranche pas dans ce premier volet. Il ne tranche pas vraiment entre le conte et entre le film d’Héroic Fantasy. Passons sur les aspects techniques, avec des effets spéciaux pas vraiment formidables dans certains cas. Trop de numérique qui transforme les orques en personnages de jeux vidéos, la poursuite dans les grottes de gobelins en poursuite à la Rayman, totalement improbable. Bien sur on ne va pas demander à une histoire de nains, de gobelins, de hobbit, de magiciens et de dragon d’être crédible. Mais bon sang, un poil de réalisme c’est bien mieux.
C’est pour ça qu’entre une apparition du nécromancien, des scènes de combats entre orques et nains, on a droit à un magicien « sous acide » qui soigne un hérisson et qui a un traîneau tiré par des lapins ! Dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, il y a des « trahisons » (mais peut-on adapter un livre au cinéma sans le « trahir »), avec des personnages oubliés, une fin de roman totalement occultée, des personnages inventés ou rajoutés. Mais l’ensemble reste totalement cohérent. Une histoire sombre avec quelques moments de légèreté. Et on se souvient des films et on prends plaisir à les revoir.
Avec Le Hobbit, on dirait que Peter Jackson ne sait pas sur quel pied danser : conte ou film épique ? Trahison pour trahison, Jackson aurait du y aller à fond, et donc, puisqu’il fallait selon lui, raccrocher le Hobbit à l’univers du SdA, rester dans la ligne sombre de l’Héroic Fantasy. Et oublier le coté conte. Au moins ça aurait eu le mérite de la cohérence. Mais là on a un film bancal, et au final une adaptation loupé. Je ne vais pas entrer plus dans les détails, mais si le film n’est pas désagréable, si on passe un bon moment, en tant que lecteur de Tolkien, j’ai eu le sentiment de ne pas avoir vu sur l’écran le livre que j’ai lu… Et puis, une trilogie ? Avec un livre aussi court, et si peu dense (au contraire du Seigneur des Anneaux – long et dense) ? Que va-t-il mettre dans les deux autres suites ?
Et justement, on peut s’en douter. Les éléments inventés, les ajouts tirés des Appendices du SdA sont une piste. Mais ça, la déception de ne pas voir notre Hobbit littéraire à l’écran fait que sur le coup, on n’y pense pas ! En fait les fans et puristes de Tolkien et du livre sont déçus, et ceux des films aussi. Pas assez conte, et trop conte pour satisfaire tout le monde. Et sur le coup, je me retrouve dans la première catégorie, celle des lecteurs du conte.
Et maintenant, La Désolation de Smaug, alors, qu’en dire ?
J’ai vu le film ce dimanche 15 décembre 2013… En VO et surtout pas en 3D (je n’aime pas la 3D, c’est comme ça !). Et contre toute attente (contre toute mes attentes) j’ai aimé ce second volet ! Oui, j’ai aimé.
J’ai aimé le film déjà visuellement. J’ai pris une claque avec Smaug. Sincèrement, le dragon le plus impressionnant du cinéma à ce jour ! Je n’ai pas trouvé tant que ça à redire sur la qualité des effets spéciaux. Sans doute quelques effets numériques parfois trop voyant, mais moins pire que dans le film numéro 1. Et puis, le récit… Cette fois Peter Jackson a tranché, terminé le conte. Et ça donne au film la cohérence qu’il lui manquait dans le premier volet. Et paradoxalement, c’est pour ça que j’ai aimé. Un exemple tout simple, le passage dans la forêt avec les araignées. Dans le livre Bilbo prend un malin plaisir à les narguer, à les faire tourner en bourrique, à les provoquer, genre nananère, hop, un cailloux, hop je suis à droite, hop je suis derrière. Et c’est sans conteste, dans le livre un élément de pur conte, avec l’invisibilité de Bilbo qui le rend invincible et « invulnérable ». Rien de tout ça dans le film. C’est plus rapide, plus « brutal », plus frontal. C’est un combat. Et il faut l’invisibilité et le courage de Bilbo pour vaincre… Si Jackson avait gardé le coté jeu de cache cache dans cette scène, on se serait retrouvé comme dans le premier, le spectateur entre deux chaises, entre le conte et l’épique. Et en fait le livre, n’est pas un livre épique (pas vraiment). L’apparition de Legolas, qui me faisait bondir en y pensant, je la trouve plutôt bien vue. Et pour tout dire, la « relation » entre Tauriel et Kili ne me dérange pas ! Bien sur, dans l’univers de Tolkien, pur et dur, c’est inconcevable. Mais dans le film, ça passe. Et ça n’a, à mon humble avis, pas d’incidence, pour le moment, sur le récit.
Bien sur, parfois Jackson en rajoute. Les scènes avec Smaug sont visuellement superbes, le Dragon est magnifique, monstrueux , et la voix (en VO) de Samug, interprétée par Benedict Cumberbatch est juste géniale. C’est vrai que les scènes avec Smaug dans Erebor ne sont pas dans le roman, c’est vrai que [petit spoiler] le coup de la statue en or et de la « piscine » en or liquide, c’est un peu too much, c’est vrai que pour le coup, Smaug semble quand même assez nigaud, et incapable d’attraper le moindre nain. En même temps dans le roman, Smaug semble plus méchant et brutal qu’intelligent (même si Tolkien le décrit comme tel, sans doute le poids du temps a émoussé cette « intelligence »). C’est à peine s’il y a un affrontement avec les nains, et (si vous avez lu le livre, vous le savez déjà) la fin de Smaug est quand même très rapide, presque trop facile. Vu ce qu’en fait Jackson, vu la fin du second film, on peut imaginer encore plus spectaculaire pour le volet 3. Et, c’est très cohérent avec l’ambiance de ce second volet.
Bien sur, les ajouts des appendices, qui n’ont en effet rien à faire dans Le Hobbit – le livre – et pour cause, peuvent paraitre superflus. Et puis, il y a quelques incohérences, comme l’affrontement entre Gandalf et le Nécromancien. Gandalf termine prisonnier du Nécromancien et on se demande pourquoi celui-ci ne tue pas Gandalf. Ça aurait fait un problème en moins, mais non, il se contente de le retenir prisonnier (et j’avoue ne plus me souvenir de ce qu’il se passe dans les appendices entre Gandalf et le Nécromancien).
Bon, je sais, je suis plutôt long. Mais dans l’ensemble j’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à voir le film. Je n’attendais pas grand chose, et j’ai été bluffé, j’avoue. Et c’est la même chose pour mon fils. j’en reviens presque à regretter que Jackson n’ai pas eu l’audace de trancher dans le premier film. Et de renoncer totalement au coté conte du livre.
En conclusion donc ? La Désolation de Smaug est, pour moi, un film réussi, un vrai souffle épique. Et même la fin, qui peut paraitre brutale, ce « cliffhanger » annonce sans aucun doute la fureur du dragon pour le volet 3.
Petit NB : bien sur, on peut se dire que 2 films au lieu de trois eurent été plus pertinents, plus denses (à condition d’oublier totalement dès le départ, l’imagerie conte du livre), et qu’il y a un coté commercial évident. Mais bon.
Un bel article ! 😉 Je suis d’accors sur l’idée que c’est un bon film (à défaut d’une bonne adaptation !) et j’envie ton regard « distancié » par rapport au bouquin, regard que je n’ai pas réussi à avoir, snif.
Merci !
Sinon, oui, c’est ce que j’ai fait ! Prendre de la distance avec le livre. C’est ce que je n’avais pas fait pour le premier d’ou une certaine déception. L’avantage, c’est que je n’attendais rien du second. L’autre avantage c’est que j’avais, à cause justement de cette déception, un peu enfoui le premier volet dans les limbes de ma mémoire ! Et j’ai donc pris le second au premier degré, en me disant, « bon, oublions donc le livre, et le 1er film ! » ! Et ça fonctionne !