Le « révolution » vinyle : une mode coûteuse ? [droit de réponse]

L’ami Diablotin a publié sur son Atelier une notule très intéressante : La « révolution » vinyle : une mode coûteuse ?

Alors, que vais-je répondre à ça ?

Comme tu le sais, cher Diablotin, , je suis un adepte de la galette noire, du Long Player, et des pochettes belles ou pas !

Alors, effet de mode le « retour du vinyle » ? Oui, sans doute ! Trop cher le vinyle neuf, le coffret luxueux, l’édition « spéciale » ? Oh que oui ! Alors, oui, d’accord pour l’effet de mode coûteux. Une platine vinyle à 3500€ ? What The Fuck ! C’est certain que si tu vends 10 platines et quel l’année suivante tu en vends 17, le % de l’augmentation des ventes est spectaculaire ! Alors oui, c’est cher, quand tu n’achètes que les nouveautés et les rééditons,  par exemple les rééditions remasterisées des albums de Led Zeppelin ou quand tu vas sur un site comme Discogs et que tu trouves l’édition originale du premier album pressage UK de 1969 à 400€ (mais que une réédition sur le même site est à 2€). Alors oui, c’est non seulement coûteux mais totalement absurde. En même temps, si il y a quelqu’un prêt à mettre 400€, grand bien lui fasse. Autre exemple, l’album du groupe Ergo Sum, dont j’ai parlé plusieurs fois ici, que j’ai déniché en plutôt bon état à 2€ dans un vide-greniers et qui se trouve – la bonne édition bien sur – à plus de 250€ et jusqu’à 740€, alors que la réédition (même pas légale) en LP est à 15€ sur le même site ! Alors, oui, c’est coûteux, et idiot ! Mais le collectionneur, le « fétichiste » est parfois très con… ou veinard comme moi !
Et bien sur les majors du disque surfent sur cette « mode ». Mais pas pour le plaisir du vinyle, pas pour le plaisir du son, non juste pour une ligne de plus dans le chiffre d’affaires des majors du disque. sans compter le fait, et c’est plus dérangeant, qu’à cause de ses rééditions « commerciales », les petits Labels indépendants qui continuaient à produire des artistes et leurs disques au format vinyle ont de plus en plus de mal à faire fabriquer les albums, manque d’usines, et pression des majors pour truster les chaînes de production.

Mais si tu fais comme moi, les vide-greniers, les trocs de l’île, Emmaüs, même les conventions du disque et les bacs à 5€, si tu acceptes le jeu de ne pas trouver le Saint Graal tous les jours, alors, non, ce n’est pas coûteux. Et ça te donne aussi l’occasion de tenter des achats, des disques, des artistes que jamais, non jamais tu n’aurais envisagé d’acheter au prix fort.
Ce qui ne m’empêche pas parfois de « craquer » pour une belle réédition, ou un coffret vinyle des Bootlegs Series de Bob Dylan, et d’y mettre un peu plus cher qu’en vide-greniers. Par contre ça fini par prendre de la place, mais c’est un autre débat ! 😉

Meilleur le son ? Alors, là, oui… et non ! Parfois oui, parfois non !
Je ne vais pas te sortir des chiffres et des courbes sur la qualité sonore du vinyle, du CD, du SACD et du fichier numérique (et je ne vais pas énumérer toutes les extensions numériques possibles). D’une part, je ne suis pas assez qualifié pour ça, d’autre part mon acouphène de l’oreille droite me rappelle à l’ordre tous les jours « Sardequin, fait pas ton malin, à ton âge et grâce à moi, tu deviens de plus en plus dur de la feuille » Et moi de lui répondre « VTFF !!!! ».
Donc, non, je ne vais pas prétendre que le son du vinyle est meilleur que celui du CD Audio ! Je vais juste dire que le plaisir est différent. Que parfois, il est meilleur, et que parfois non ! Tiens, quand j’ai posé le premier vinyle sur la platine que j’avais racheté en 2008 dans un Cash Converter pour 45€, j’ai nettement entendu la différence de qualité sonore entre le vinyle et le CD Audio. C’était Harvest de Neil Young, et le vinyle (que j’ai toujours gardé depuis au moins 35 ans) a battu le CD en qualité haut la main. J’ai eu le même ressenti avec un album de Dylan – Tempest – que j’avais en CD. J’avais toujours eu du mal à l’apprécier. Et puis, j’ai acheté la version vinyle, et j’ai redécouvert un disque ! Et clairement, une sonorité plus chaude, celle de la version LP faisait toute la différence. J’ai eu aussi quelques « déceptions » quand manifestement, la qualité de l’enregistrement en vinyle n’était pas très bonne, et n’apportait rien de plus. C’est d’ailleurs souvent valable pour les enregistrements récents, les rééditions de « luxe ».

Je ne vais pas faire plus long. Juste quelques petites choses. Il y a une mode en effet. Mais sinon, dans la réalité, le disque vinyle n’a jamais disparu. Bien sur quand le CD est apparu, petit à petit il a remplacé avant d’éjecter les vinyles dans les rayonnages de Fnac et autres fossoyeurs des disquaires indépendants. Mais en fait, il y a toujours eu des vinyles en vente dans les labels indépendants, dans les survivants (en France) du réseau des disquaires indépendants. Donc, quand la mode sera repassée au second plan, il restera encore des vinyles.

Et puis l’autre chose, c’est le plaisir qui reste intact, de prendre la pochette, de l’ouvrir, de sortir la galette, de la poser sur la platine – merdre, il crachouille, bon pas grave – et d’écouter. De tourner et retourner la pochette, de lire les notes de pochettes, de regarder les photos, de lire les paroles. Et de se relever au bout de 20 minutes pour changer de face – ou pas. De redonner un « temps » à l’écoute d’un disque. J’ai toujours eu du mal avec le CD, parfois à cause de ça. Au bout d’un moment, mon oreille va passer à autre chose, quand ça dure trop longtemps. Ce qui ne m’empêche pas d’écouter aussi des CD et des fichiers numériques sur l’ordinateur. Mais voilà, pour faire dans la petite phrase de conclusion : « le disque vinyle, ce n’est pas forcément meilleur, c’est différent » !

4 commentaires sur “Le « révolution » vinyle : une mode coûteuse ? [droit de réponse]

  1. Oui, la première édition CD de Harvest était assez ratée, comme bon nombre des premières rééditions Cd de « grands » albums -les premières rééditions des Stones chez Decca ne donnaient guère envie de prolonger l’écoute non plus…-. Mais le CD en était alors à ses premiers balbutiements et les éditeurs ont sorti à la va-vite leur fond de catalogue, sans trop se préoccuper de qualité. Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts et d’énormes progrès ont été réalisés, notamment en retravaillant à partir des bandes-mères -l’autre avantage étant que celles-ci sont désormais conservées dans d’excellentes conditions-. Je t’envoie par MP un petit compte-rendu d’un essai comparatif effectué, que j’avais publié ailleurs à ce sujet.

    1. C’est clair que quand on a acheté les premiers CD, la qualité n’était pas vraiment au top. Ça vaudrait peut-être le coup que j’essaye avec Harvest dernière édition ! 😉 En même temps, mon premier CD acheté c’était LA Woman des Doors – 150 francs – ouch – ça faisait mal, et une première édition CD en plus ! Bien sur, j’ai été bluffé par le son. Mais si je compare cette édition CD aux différentes éditions du vinyle que j’ai (collectionneur compulsif pour le coup – j’en ai 3 éditions différentes), c’est encore le vinyle qui gagne !

  2. Ah ben ça alors c’est une longue réponse ! Plus longue que l’article initial, me semble-t-il !
    Je n’avais pas mentionné les raisons psycho-affectives, relatées dans l’article, qui sont susceptibles d’expliquer la préférence que l’on peut avoir pour le vinyle 😉 Par ailleurs, j’apprécie ta démarche de quête raisonnée, qui ne s’inscrit pas du tout dans la logique un peu « m’as-tu vu » que l’on peut constater dans le retour au 33T chez quelques dingues très argentés 😀 : c’est vrai qu’une belle « table tournante » un peu chère et bellement carrossée, ça en jette plein les yeux, sans compter que ça vide allègrement les poches ! Il est curieux par ailleurs de noter que ces beaux objets cherchent désormais à supprimer au maximum toute coloration flatteuse propre au vinyle, qui est l’une des sources de plaisir de ce support -en terme de plaisir d’écoute, le vinyle garde en effet de réelles qualité (une vraie belle densité dans le médium), mais en terme de fidélité de restitution, ce qui est un peu différent, le débat me semble clos-.
    Quoi qu’il en soit, et pour ne pas faire trop long, c’est bien évidemment le plaisir de la découverte et de la musique qui est primordial, quel que soit le support envisagé et c’est bien en cela que nous nous rejoignons, non ? Là où je te rejoins volontiers, c’est sur l’attrait des pochettes et le rapport physique à l’objet, sans doute supérieur en LP, du fait d’un cérémonial préalable à l’écoute qui fait partie du plaisir global.
    Remarque narquoise en passant: la prise de son de « Harvest » est parfaitement dégueulasse et molle, ce qui est regrettable tant l’album contient de la bonne musique. En 33T, la bosse énorme dans la bas-médium était encore amplifiée, ce qui n’est pas du dernier agréable-et pourtant, j’ai pu l’écouter sur toutes sortes de platines LP, de l’électrophone à la platine très coûteuse, tant ce disque était répandu dans les années 80 : il semble que chacun en possédait un exemplaire !- ! A mes oreilles, le dernier remaster CD/SACD est bien meilleur.

    1. Alors, ça c’est marrant, parce que et c’est vrai, le premier disque que j’ai posé sur la platine quand je suis revenu au vinyle, c’était Harvest. Et comme j’avais aussi la version CD (mais la première version), j’ai immédiatement fait la comparaison. Et c’était très net en faveur du vinyle ! Comme quoi ! Pour le reste, on est d’accord !

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